Bien sûr qu’il n’y a pas d’âge pour roucouler, faire les yeux doux et tomber amoureux. Les téléréalités amoureuses, la plupart du temps – sauf exception comme L’amour est dans le pré ou Si on s’aimait, peut-être –, célèbrent les corps jeunes, minces et sculptés. Points bonus si ceux-ci nous badigeonnent du «si j’aurais» à bouche que veux-tu.
Voilà l’une des raisons pour lesquelles Ma mère, ton père, nouveau rendez-vous de dating de TVA, adaptation du format britannique My Mum, Your Dad, animé par Nathalie Simard, s’avère rafraîchissant. Les candidats et candidates à la recherche de l’âme sœur sont âgés de 40 à 60 ans, et ce sont leurs enfants adultes qui les conduisent dans l’immense et clinquante résidence où ils cohabiteront pendant quelques semaines en espérant vivre le coup de foudre.
Ces mêmes enfants adultes seront témoins des moindres faits et gestes de leurs géniteurs. Aussi gênant que ça puisse paraître, ils assisteront à leurs rendez-vous galants sur écran, comme s’il s’agissait d’un film. Et commenteront bien sûr à voix haute entre eux. Ultimement, les progénitures auront le mot final à prononcer sur le choix du ou de la dulciné(e) sélectionné(e) par leur parent. Car en épiant les rancards et en écoutant leurs confidences, fifille et fiston seront en mesure de dépister mensonges et mises en scène. Si papa prétend aimer les chiens pour plaire à une dame, et que ce n’est pas vrai, les héritiers seront là pour lever le drapeau rouge!
Source: Courtoisie TVA / Capture d’écran
On a d’ailleurs l’impression d’avoir affaire à des bouts de choux débarquant à Walt Disney en entendant les cris hystériques des descendants s’installant au salon pour observer leurs parents en action. «Imagine si on en voit un frencher…!», lance l’une de ces accompagnatrices d’un ton surexcité.
Eh oui, la vie est ainsi faite, vous verrez peut-être les créateurs de vos jours échanger des fluides. Psychologues de la province, tenez-vous sur un pied d’alerte.
«5 pieds 11, on est good»
Cela dit, soyons francs, la diversité n’est pas particulièrement à l’honneur à Ma mère, ton père. Les participants sont moins jeunes qu’à Occupation double ou (la défunte?) Île de l’amour, mais ils sont blancs, minces, parfois retouchés et pas spécialement repoussants.
Et c’est en regardant Ma mère, ton père qu’on constate que la superficialité n’est pas l’apanage de l’immaturité et de l’inexpérience, que nenni!
«Va falloir que tu regardes autre chose que le physique. Il faut que tu entres dans la personnalité, dans les valeurs, dans les principes… À un moment donné, ça te prend une femme mature!» sermonne Maika à l’endroit de son papa Jonathan, 44 ans, en le conduisant vers la grande aventure.
Source: Courtoisie TVA / Capture d’écran
«Si tu arrives et qu’il n’y en a pas un en haut de six pieds, faut que tu leur laisses une chance pareil», souligne pour sa part Xavier à sa mère Chantal (laquelle ne mentionne pas son âge!) en insistant sur le fait que, «5 pieds 11, on est good». Mais maman Chantal ne s’abaissera pas à fréquenter un homme de 5 pieds 10, qu’on se le tienne pour dit.
Comme quoi il y aura peut-être un match possible en vue entre Chantal et Jonathan, qui semblent partager les mêmes ambitions profondes.
Pauvre Alain!
Le premier épisode de Ma mère, ton père sera ainsi l’occasion pour les participants de s’adonner à un premier tête-à-tête, pour lequel les femmes devront choisir l’homme avec lequel elles désirent s’entretenir. Alors que le bon et propret Maurice sera le coup de cœur de deux femmes, le décontracté Alain sera mis de côté, choisi par aucune interlocutrice.
On en fera tout un fromage jusqu’à la fin de l’épisode, en multipliant les plans de caméra sur le regard de chien battu du pauvre Alain, qui affirme néanmoins accepter le tout avec philosophie. Sa fille Vivianne, elle, en versera des larmes sincères, craintive que le grand cœur de son papa ne soit écorché.
Source: Courtoisie TVA / Capture d’écran
N’empêche, le bon Alain ne semble pas en misère dans ses longueurs de piscine pendant que ses comparses draguent sur la pointe des pieds. Et parions que si Cupidon ne l’attaque pas dans le cadre de Ma mère, ton père, cet Alain pas désagréable à regarder aura son fan club après la diffusion de l’émission.
Le tombeur Maurice, qui aspire à «conjuguer l’avenir au pluriel et non au singulier», lui, fait grandement sensation auprès de la gent féminine. Son parler «comme une musique de Beethoven» envoûtera une Sandy nerveuse au point d’être incapable de finir ses phrases aux premiers contacts avec le bellâtre. Quant à Yanick et Chantal, ils se chanteront la pomme sur le thème de l’amour de l’eau. Chacun ses priorités. Puis, non, vous n’avez pas la berlue : la concurrente Isabelle arbore de grandes ressemblances avec Kamala Harris.
À l’animation de Ma mère, ton père, Nathalie Simard, dont le rôle consiste à faire les présentations et expliquer les activités et autres développements, est sympathique et empathique. Ce mandat lui va à merveille. Elle se présente à la fois comme la meilleure amie et la thérapeute de ses ouailles. «D’abord, je veux savoir comment tu te sens dans ton cœur?» susurrera-t-elle au désormais célèbre Alain pour épauler sa déconfiture.
(Pssiiit! Nathalie Simard se confiait à nous sur sa propre vie amoureuse ici… ne ratez pas ses confidences!)
Bref, on voudrait tous se confier à Nathalie Simard sur la fois où aucun de nos amis ne s’est pointé à notre fête d’anniversaire. On devrait peut-être aussi, accessoirement, organiser une collecte de fonds pour que le pauvre Alain ne se sente pas trop esseulé.
La sexualité… à 40 ans?!
Enfin, note amicale aux gens de TVA, qui concluent le communiqué de presse de Ma mère, ton père avec la phrase suivante, qui a laissé l’auteure de ces lignes – 40 ans et des poussières – un brin perplexe. Et un brin moqueuse… :
«Nul doute que Ma mère, ton père déclenchera des conversations animées dans les salons de la province, en abordant des thèmes actuels comme la sexualité après 40 ans, les relations toxiques, l’amour à distance, et bien plus encore!»
Comment dire… La sexualité «après 40 ans»? On vous le certifie, chère direction de TVA, il y a encore possibilité de connaître quelques belles années devant nous à 40 ans, sexuellement parlant! 40 ans, ça serait même le sommet de l’extase, aux dires de certains. Après 80 ou 90 ans, c’est peut-être autre chose (quoique…) Mais à 40 ans, et voire même à 50 et 60 ans, non, ce n’est pas nécessairement le monastère qui nous attend. Ça peut encore chauffer sous les draps!
Ma mère, ton père, le jeudi, à 20 h, à TVA, dès le 12 septembre.